Au nom d'une certaine idée de la Pologne éternelle, Lech Kaczynski avait refusé de se rendre le 7 avril dans la forêt de Katyn pour un hommage aux victimes aux côtés de Donald Tusk, Premier ministre libéral qu'il accusait de «brader» la patrie, et de Vladimir Poutine, homme fort d'un pays toujours perçu comme une menace. Le président polonais voulait sa propre cérémonie, entre vrais Polonais. Il en est mort avec ses invités (le gratin des institutions polonaises), carbonisés dans la carcasse de son avion à moins d'une vingtaine de kilomètres des fosses où furent enterrés les 22 000 officiers polonais exécutés sur ordre de Staline.
Sensibilités. Patriote ultraconservateur aux accents populistes, Lech Kaczynski, 60 ans, juriste de formation, était un obstiné. Comme son frère jumeau Jaroslaw, son aîné de quarante-cinq minutes, qui fut son Premier ministre de juillet 2006 à novembre 2007. Président du parti Droit et Justice (PiS), Jaroslaw pourrait reprendre le flambeau et entrer en lice pour la présidentielle en lieu et place du défunt. Celui-ci semblait avoir peu de chance de se succéder à lui-même aux élections de novembre. Le vieux fond de sauce réactionnaire et nationaliste du PiS séduit de moins en moins les Polonais, comme l'a montré la victoire des libéraux de Donald Tusk aux législatives de 2007, et dont le candidat était en tête dans les sondages cette année. Le choc de cette mort tragique pourrait-il changer la donne ?
L'émotion est générale, m