«La première chose que je me suis dite en apprenant ça, c'est : "Pourvu que ce ne soit pas un attentat et pourvu que ça ne soit pas nous"», confie Anna, une jeune Moscovite venue déposer quelques œillets devant l'ambassade polonaise. Elle n'est pas la seule à avoir eu cette réflexion. Même si personne n'a osé l'exprimer ouvertement, la disparition si symbolique du plus acharné adversaire de la Russie parmi les leaders européens ne pouvait qu'éveiller un soupçon à l'encontre du Kremlin. Aussi, dès les premières heures qui ont suivi le crash de l'avion du président Kaczynski, les autorités russes ont tout fait pour montrer le maximum de transparence, invitant notamment des enquêteurs polonais à participer à la fouille des décombres. Vladimir Poutine a promis une enquête «objective et minutieuse» et insisté pour que les boîtes noires de l'appareil soient bien ouvertes «en présence des collègues polonais».
Depuis samedi, la moitié du gouvernement a défilé à Smolensk, non loin du lieu de la catastrophe. La version de chaque officiel concorde : l'accident est dû à l'entêtement inexpliqué des pilotes. «Il est confirmé que l'équipage a été averti des mauvaises conditions climatiques à l'aéroport Severny, qu'il lui a été recommandé de se poser sur un aérodrome de secours, et qu'il a bien reçu l'avertissement», a déclaré hier le vice-Premier ministre russe, Sergueï Ivanov. Mais au-delà de l'enquête, un élan de compassion parcourt le pays. Peu enclin