Benazir Bhutto aurait pu avoir la vie sauve si la police pakistanaise l'avait correctement protégée, or celle-ci a fait «sciemment» échouer l'enquête sur son assassinat. C'est ce que conclut un rapport des Nations unies, rédigé par trois experts conduits par l'ambassadeur du Chili et publié jeudi soir à New York. Chef du gouvernement à deux reprises dans les années 1990, la dirigeante du Parti du peuple pakistanais (PPP) avait été tuée le 27 décembre 2007 au cours d'un attentat-suicide près d'Islamabad, alors qu'elle quittait un meeting de campagne pour les législatives de 2008.
A propos des enquêteurs pakistanais, le rapport relève que «des responsables, craignant notamment l'implication de services de renseignement, ne savaient pas vraiment jusqu'où ils pouvaient aller dans l'enquête, même s'ils savaient pertinemment, en tant que professionnels, que certaines mesures auraient dû être prises». La commission estime aussi que la responsabilité de la sécurité de la candidate, qui avait déjà échappé le 18 octobre 2007 à un attentat-suicide ayant tué 149 de ses partisans, reposait sur le gouvernement, les autorités locales et la police. «Aucune de ces entités n'a pris les mesures pour répondre aux risques urgents, extraordinaires et récents qui menaçaient» Benazir Bhutto, lit-on dans le rapport, qui juge que ce «traitement discriminatoire est profondément troublant vu les tentatives d'assassinat auxquelles elle a été confrontée trois jours avant»