Une paire de fesses, c’est la première chose que la plupart des Colombiens ont vue du candidat à la présidentielle Antanas Mockus, dont l’ascension bouleverse les pronostics pour le scrutin du 30 mai. Deuxième dans les sondages après un mois de campagne, ce fils d’immigrés lituaniens rêve de l’emporter dès le premier tour. Son premier geste médiatisé aurait pourtant dû enterrer sa carrière. Alors qu’il dirigeait la prestigieuse université nationale de Bogotá, le recteur s’était déculotté face à un chahut d’étudiants. Cette «forme d’expression», captée par une caméra embusquée, le pousse à la démission en 1993. Mais les Bogotans découvrent alors le reste de son anatomie - un collier de barbe et une frange monacaux qui, alliés à un discours rigoureux, lui permettent d’être élus maire deux ans plus tard.
Le diplômé de philo et de maths axe sa politique autour de principes basiques, avec des résultats contrastés mais qui lui permettent, en 2001, de rempiler à la tête de la capitale. «
La vie est sacrée»
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clame-t-il ; le taux d’homicides de la ville s’effondre, au prix d’une hérétique fermeture des bars à 1 heure du matin. L’argent public aussi, insiste-t-il ; ses projets sont torpillés par des conseillers municipaux habitués à monnayer leur appui. Populaire à Bogotá, il tente d’atteindre la présidence en 2006, affublé de chapeaux invraisemblables et d’un langage abscons. Il se prend une veste prévisible. Cette année, il s’est allié à deux ancien