Al'université publique de Sonfonia, située à la sortie de Conakry, on fait du droit, des sciences politiques, de l'économie, mais aussi l'apprentissage de la corruption. En quatrième année de comptabilité, les étudiants sont 600, répartis en deux groupes, dans de longues salles rectangulaires qui font office d'amphithéâtres. «A cinq par table, on est serrés, il n'y a pas d'électricité et pas de stage de fin d'année», se plaint Fatoumata, 23 ans. Elle explique que les MST, les «masters sexuellement transmissibles», voient des étudiantes céder aux avances des professeurs pour avoir leur diplôme.
«Faire rire», «cadeauter», «donner sa part»… Autant de termes pour désigner une seule et même pratique : le pot-de-vin ou l'avantage en nature, qui existent à tous les niveaux en Guinée pour décrocher sa bourse, son diplôme, un emploi, ou même une simple consultation chez le médecin. Certains étudiants doivent renoncer à une partie de leur bourse s'ils veulent l'obtenir de fonctionnaires qui prélèvent leur part au passage. «Voilà deux mois que je n'ai pas reçu mon pécule, 95 000 francs guinéens par mois [13,90 euros, ndlr], alors que le transport me coûte 10 000 francs par jour [1,46 euro]», affirme Fatoumata. Elle ne se fait aucune illusion sur son avenir. «S'il n'y a pas de travail, je ferai du commerce ou j'essaierai d'aller en France pour finir mes études.» Comment s'en sort-elle ? «On se débrouille, on fait des affaires. Je vends des chaussur