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Libération
Reportage

Les chemises rouges ratissent large

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L’armée s’est déployée hier à Bangkok pour contrer les opposants thaïlandais, qui attirent une partie des classes moyennes.
publié le 20 avril 2010 à 0h00

Une télévision, posée dans l'ombre des piliers du métro aérien de Bangkok, diffuse en boucle les images des affrontements meurtriers du «samedi noir», le 10 avril, entre manifestants antigouvernementaux et militaires. Dans la petite foule des«chemises rouges» - les partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra - qui regardent le clip, une quadragénaire en tailleur bleu détonne : c'est une fonctionnaire, venue directement de son lieu de travail au carrefour Rajprasong, où sont regroupés les manifestants depuis début avril. «Regardez !s'exclame-t-elle en montrant la pochette du DVD où figurent les images des manifestants tués le 10 avril. Les militaires ont employé des armes de forte puissance. La balle lui a fait exploser le cerveau.» Hier, l'armée a été déployée pour protéger Silom, le quartier financier de Bangkok, d'éventuelles manifestations antigouvernementales, alors que les chemises rouges contrôlent une immense zone au cœur de la capitale.

Simplification. La fonctionnaire préfère ne pas indiquer son nom, mais elle est avide de parler pour contrer, selon elle, la «propagande» des médias thaïlandais. «Je viens tous les jours. J'ai fait plusieurs donations pour acheter des médicaments pour les chemises rouges. En fait, beaucoup de mes supérieurs au bureau soutiennent aussi les manifestants, mais ils n'osent pas l'afficher publiquement», raconte-t-elle.

La version officielle veut que les chemises roug