Il le murmurait il y a dix-huit mois, il le martèle aujourd’hui. Loin d’avoir abandonné cette idée, Nicolas Sarkozy croit plus que jamais nécessaire et possible d’organiser le continent européen en un «espace économique et de sécurité», unissant l’Union européenne, la Turquie et la Fédération de Russie.
Il envisage un continent à quatre étages, une pyramide institutionnelle dont le premier niveau, le plus large, serait cet «espace intégré» ; le deuxième, l’Union européenne ; le troisième, la zone euro et le quatrième, tout en haut, la France et l’Allemagne, au poste de commandement ou, du moins, à la manœuvre. Quand ce Président parle de sa politique étrangère, c’est cette pyramide qu’il se voit bâtir. C’est sur ce chantier qu’il décrit son action et cette vision est tout sauf inintéressante. Elle a l’avantage, d’abord, de prendre en compte la centralité du couple franco-allemande dont Nicolas Sarkozy n’avait pas été initialement convaincu mais qu’il s’emploie à promouvoir depuis que le krach de Wall Street l’a détourné du modèle anglo-saxon et conduit à défendre, avec Angela Merkel, l’idée de nouvelles régulations internationales. Même lorsqu’il trouve l’Allemagne trop prudente, trop lente ou plus soucieuse de ses intérêts propres que de ceux de l’Union, il n’envisage plus d’agir en dehors d’une étroite coordination avec Berlin et le deuxième avantage de cette vision de l’Europe est qu’il n’imagine plus d’affirmation du continent sans la Russie. Là encore, Nicolas Sarkozy a