La Belgique est un drôle de pays. Elle s’apprête à être le premier pays occidental à adopter une loi d’interdiction totale de la burqa - ou plutôt du voile intégral - dans les espaces publics. C’est aussi le premier pays européen à compter une élue voilée - d’un simple foulard - dans une assemblée régionale, Mahinur Özdemir.
Les députés belges doivent en effet adopter aujourd'hui en séance plénière un texte d'interdiction de la burqa… si entre-temps le gouvernement Leterme ne tombe pas à l'occasion d'une énième crise liée au règlement du différend entre Flamands et francophones. Lors de la discussion de la proposition de loi en commission parlementaire, le 31 mars, seul Ecolo, le parti vert, avait émis de sérieuses réserves sur un texte visant seulement a priori une toute petite partie de la communauté musulmane et posant de sérieux problèmes d'application. Tout le reste de la classe politique, des extrémistes flamands du Vlaams Belang aux socialistes francophones du PS, a adopté comme un seul homme le texte interdisant de masquer son visage composé de trois articles, dont un prévoyant une exception pour «les manifestations festives», en clair le carnaval.
Le plus surprenant, dans cet emballement législatif, est qu'il semble trouver exclusivement sa source dans le débat français. «Il est clair que le débat français a fortement influencé la décision de légiférer ici», note la sociologue Corinne Torrekens, spécialiste de l'islam bruxellois. Cet alignement, voir