Menu
Libération
Reportage

Le dernier carré des Afrikaners radicaux

Article réservé aux abonnés
L’assassinat de l’extrémiste Eugène Terre’Blanche par des ouvriers agricoles noirs a relancé le sentiment d’insécurité chez certains fermiers blancs.
Des membres du Mouvement de résistance afrikaner (AWB) assistent aux funérailles du leader radical assassiné Eugène Terre'Blanche, le 9 avril 2010. (AFP Alexander Joe)
publié le 22 avril 2010 à 0h00

Reconnaître un membre du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), créé en 1973 par Eugène Terre’Blanche, est chose facile. Tous portent des treillis, des chaussures coquées et un pistolet ou un couteau à la ceinture. Cousu sur la manche droite de ces chemises brunes, l’emblème de l’AWB ressemble à la croix gammée nazie. Certains ajoutent parfois un drapeau du régime de l’apartheid ou du Transvaal (ancienne république indépendante afrikaner).

Eddie von Maltitz est le plus extravagant de ces compagnons, venus protester aux portes du tribunal qui va juger deux ouvriers agricoles noirs, meurtriers présumés d'Eugène Terre'Blanche, tué le 3 avril dans sa ferme. L'une des pancartes qu'Eddie porte autour du cou montre la photo d'un enfant noir, squelettique, avec ce slogan : «Nous le devons aux communistes.» Eddie est l'un des seuls Blancs à franchir le barrage de police pour venir parler à la centaine d'habitants noirs des townships, venus soutenir les accusés.

Bagout. Dans un setswana presque parfait, l'une des onze langues nationales, Eddie explique son combat à un jeune Noir, béret communiste enfoncé sur la tête : «La nationalisation des fermes n'est pas la solution ! s'exclame-t-il sur un ton paternel. Elles apporteront la faim, et nous mourrons tous, vous en premier. Vous êtes manipulés par les communistes. Vous avez vu le film Blood Diamond ? L'Afrique du Sud, c'est la prochaine Sierra Leone.» La foule rit, acquiesce, applaudit. Le j