Il avait 23 ans. Engagé dans la Légion étrangère, un jeune homme est mort le 8 avril dans un accrochage contre des insurgés à 12 000 kilomètres de chez lui. Il s'appelait Robert Hutnik, et au-delà du camarade, nous nous souviendrons de lui car il est le 41e soldat français tué en Afghanistan.
Et vous, vous en souviendrez-vous ?
Car à mesure que le temps passe, que s’efface le souvenir de l’embuscade d’Uzbin, nous voyons bien que nos morts occupent à chaque fois moins de place dans l’actualité. C’est dans une indifférence polie que la dépouille de Robert Hutnik est rentrée en France, comme celles d’autres soldats «morts pour la France» en Afghanistan. Pourtant, ce n’est pas pour l’armée qu’il a donné sa vie, c’est pour vous. Pour la France, vivante par-delà les différences, les querelles et les doutes de tous ceux qui la composent.
Choisissant une vie discrète, rude et exigeante, il était bien sûr un volontaire, un soldat professionnel. Mais peu de chose vous sépare de lui. Car finalement, un soldat est un homme ou une femme comme les autres. Un homme ou une femme qui a fait un choix, celui de porter les armes de la France, un choix que chacun d’entre vous, votre fils, ou votre fille aurait pu faire.
Bien sûr, celui qui part sait que c’est dangereux, qu’il peut ne pas revenir. Bien sûr que l’appréhension existe, bien sûr qu’en patrouille ou sur les routes, la peur nous accompagne. Car nul besoin de le dissimuler. Si officiellement la France n’est pas en guerre, l’armée