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Libération
Interview

«Le prix de la naturalisation est un véritable handicap»

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publié le 27 avril 2010 à 0h00

Volker Beck, 50 ans, député au Bundestag, est chargé des questions des droits de l’homme chez les Verts. Il a été l’un des négociateurs de la loi sur l’immigration du temps du gouvernement Schröder.

Avec 7,2 millions de personnes fin 2008, l’Allemagne est le pays de l’Union européenne qui compte le plus d’étrangers. Qui sont-ils ?

Le premier groupe est constitué des Turcs, qui représentent un quart des étrangers vivant en Allemagne, suivis des personnes venant de l’ex-Yougoslavie (13,6%), puis de l’ex-Union soviétique - à l’exception des pays baltes - (7%). Le reste sont des gens qui viennent de l’Union européenne.

L’Allemagne est de facto une terre d’immigration… Quand les autorités ont-elles reconnu cette réalité ?

Il y a quelques décennies, l'Allemagne était effectivement une terre d'immigration avec l'arrivée des Italiens, des Espagnols, des Turcs, du temps du miracle économique. Aujourd'hui, avec la crise, les flux se sont taris. Mais au cours des trois dernières décennies, on a continué à accueillir de nombreux étrangers au titre du regroupement familial. Au niveau politique, on n'a pas voulu accepter ce fait jusqu'aux négociations entamées en 2001 entre le SPD [Parti social-démocrate, ndlr] et les Verts, qui ont débouché sur la loi sur l'immigration de 2004. Avec trente ans de retard, on a écrit le mot «intégration» dans une loi !

Du temps de Helmut Kohl, puis du premier gouvernement Schröder, on a ignoré le problème. Jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que l’Allemagne souffrait d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, d’informaticiens en particulier. En fait, le SPD a eu du mal à s’attaquer au problème, à cause de son public de base : un électorat ouvrier, syndicaliste, qui perçoit les étrangers comme