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Analyse

Gordon Brown enfonce le Labour

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A quelques jours du scrutin, les mots durs du Premier ministre envers une militante plombent les travaillistes.
publié le 30 avril 2010 à 0h00

Pendant la campagne électorale de 2001, le vice-Premier ministre de Tony Blair, le sanguin John Prescott, avait provoqué la panique dans la campagne du Labour. Devant les caméras de télévision, il avait balancé un coup de poing à un manifestant qui venait, certes, de lui lancer un œuf. Le lendemain, Tony Blair, dans un exercice de style impressionnant, avait balayé le scandale naissant en déclarant avec un sourire désarmant : «Que voulez-vous, John est… John !» Avant de reprendre la campagne et de remporter comme une fleur le second de ses trois mandats consécutifs.

La gaffe de Gordon Brown, mercredi, ne s'effacera pas aussi légèrement. Et lui-même ne s'y est pas trompé. Il suffisait de le voir, ramassé sur sa chaise, le visage écrasé dans ses paumes, écoutant l'enregistrement de ses propos. Il savait qu'avec un mot, «bigot», que l'on peut traduire par «sectaire» ou «borné», il avait peut-être signé la fin de treize ans de Labour au pouvoir et très probablement celle de sa propre carrière politique. «Insulter les électeurs est toujours une très mauvaise idée, note Patrick Dunleavy, analyste politique à la London School of Economics. Il pouvait difficilement faire pire.»

Pourtant, l'état-major travailliste avait pensé détenir une idée formidable pour relancer la campagne laborieuse de Gordon Brown, de plus en plus souvent placé en troisième position dans les sondages, derrière les conservateurs et les libéraux-démocrates. A une semaine du scr