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Libération
Portrait

Yves Leterme, Flamand en flagrant échec

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Usé et décrié, le Premier ministre quitte ses fonctions pour la seconde fois.
par Jean Quatremer, (à Bruxelles)
publié le 30 avril 2010 à 0h00

Yves Leterme a décidé de passer la main, épuisé par les trois années chaotiques qu'il vient de vivre au gouvernement, amer d'avoir échoué à obtenir des francophones la «réforme de l'Etat» qu'il souhaitait, sans espoir que de nouvelles élections permettent de sortir la Belgique de l'ornière des conflits communautaires. Le Premier ministre chrétien-démocrate (CD&V) sortant, élu triomphalement en juin 2007 avec 800 000 voix d'écart en Flandre - un record absolu - sur la promesse d'obtenir davantage de pouvoirs pour la Flandre, s'en va dans une indifférence étonnée, mêlée d'un discret soulagement. Si personne ne lui a demandé, cette fois, de jeter l'éponge, chacun estime en privé que le personnage est carbonisé et que la crise actuelle lui est largement imputable.

Rien ne destinait, a priori, l’ancien ministre-président de la région flamande à devenir l’égérie des flamingants, comme on appelle les Flamands favorables à l’indépendance de leur région. Né sur la frontière linguistique, d’une mère néerlandophone et d’un père francophone, comme son nom l’indique, Yves Leterme a été élevé en Flandre, mais il est resté parfaitement bilingue et aime à s’afficher en fan inconditionnel du club de football de Liège (Wallonie). Ancien fonctionnaire de la Commission européenne, son premier fait d’arme politique est de conclure, en 2003, une alliance avec un minuscule parti indépendantiste, la N-VA. Ce cartel CD&V et N-VA est une réussite, puisqu’il lui permet de devenir patron de l’e