L'image était extraordinaire : côte à côte, une couronne de fleurs à la main, le potentiel futur ancien Premier ministre Gordon Brown, le possible futur nouveau Premier ministre David Cameron et le probable faiseur de Premier ministre Nick Clegg se sont avancés d'un seul pas pour présenter leur hommage lors du 65e anniversaire de la victoire alliée sur les nazis, samedi. En temps normal, le Premier ministre en exercice aurait dû se présenter un pas en avant des deux autres. Mais le Royaume-Uni traverse une période qui n'a, pour lui, strictement rien de normal, et les visages tendus des trois dirigeants de parti en disaient long sur le casse-tête auquel ils font face : la découverte des subtilités de la politique à l'européenne.
En théorie, la seule date butoir pour former un gouvernement est le 25 mai, jour du discours de la reine. Face à cette situation quasi inédite, Sir Gus O'Donnell, le Cabinet Secretary - plus haut fonctionnaire du gouvernement -, a préparé un memo supposé établir la marche à suivre en cas de Parlement suspendu. En clair, la date du discours de la reine est «inamovible», a expliqué à Libération Vernon Bogdanor, constitutionnaliste de l'université Oxford, qui a participé à la rédaction de ce memo. Ce jour-là, «il doit y avoir un débat sur le programme du gouvernement et un vote qui, en fait, revient à un vote de confiance», dit-il. La balle est donc dans le camp des conservateurs et des libéraux-démocrates, q