Dans la petite ville industrielle de Tyrnyaouz, comme partout en Kabardino-Balkarie et dans le reste du Caucase, les barbus sont suspects. Même quand ils sont français et journalistes. «C'est quoi cette barbe ?» lance l'agent de la circulation au reporter de Libération qu'il laisse repartir en voyant son passeport. Cela n'empêche pas le professeur d'islam Eldar Astemirov, 71 ans, de porter la barbe à la mode musulmane. De toute façon, il sait qu'il est considéré par les autorités comme l'un des principaux islamistes radicaux de la région. Son fils, Anzor Astemirov, était un des chefs de la guérilla islamiste avant d'être tué, fin mars, par la police russe à Naltchik, la capitale de Kabardino-Balkarie, ville industrielle en déclin posée sur les contreforts du mont Elbrouz, le plus haut sommet d'Eurasie. Lui-même qui enseigne les bases de l'islam ne compte plus les interrogatoires. Actuellement, ce n'est pas ce qui le préoccupe. Les autorités ne veulent pas lui rendre le corps de son fils - comme c'est de règle pour tous les boevikis, les combattants islamistes tués par la police. Tous ceux marqués du sceau du wahhabisme - le terme par lequel les officiels russes qualifient les musulmans radicaux suspects, par essence, d'être liés à la guérilla islamiste - se sentent comme des citoyens de seconde zone. Même s'ils n'ont jamais été accusés ou condamnés en justice pour «l'extrémisme» qu'on leur reproche, ils subissent un harcèlement quotidien. «Un p
Au Caucase, l’itinéraire mortel d’Astemirov
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publié le 11 mai 2010 à 0h00
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