Plus qu'une polémique, c'est un mauvais procès qui a été fait à Hors-la-loi, de Rachid Bouchareb, en compétition à Cannes sous la bannière algérienne. Depuis des mois, le député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca a cette grosse production, dans le droit fil d'Indigènes - même réalisateur, même casting, sauf Samy Naceri - dans le collimateur. Il dénonce un film «antifrançais», «négationniste», «falsifiant l'histoire». Les attaques de Luca, connu pour son engagement en faveur des pieds-noirs et harkis, encore influents sur la Côte d'Azur, se concentrent sur la représentation donnée par le film du massacre de Sétif, le 8 mai 1945.
Extrême droite. L'épisode est aujourd'hui bien connu, à défaut d'être longuement traité dans les manuels scolaires. A l'occasion du défilé de la victoire sur le nazisme et les puissances de l'Axe, des manifestants algériens réclament pacifiquement l'indépendance et le retour du nationaliste Messali Hadj, déporté au Congo. Le cortège est brutalement dispersé par la police française et un manifestant brandissant le drapeau algérien est tué d'une balle dans la tête par un commissaire. La manifestation dégénère en émeute contre les colons européens, dont 28 sont tués ce jour-là. Pendant un mois, l'armée, appelée en renfort, réprime dans le sang l'agitation qui a gagné d'autres localités. Sétif est bombardé par la marine, l'aviation mène des raids. Des villages sont attaqués à l'automitrailleuse et des milices d