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Libération
TRIBUNE

Indépendantiste ne veut pas dire terroriste

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publié le 12 mai 2010 à 0h00

Le 20 février 2003, le seul quotidien existant en langue basque, Egunkaria, a été fermé par la police espagnole, suscitant la plus grande manifestation jamais vue à Saint-Sébastien. La police espagnole (la Guardia civil) a saccagé les locaux, saisi le matériel, et arrêté dix personnes (dont l'une gravement malade). Iñaki Uria, Txema Auzmendi, Joan Mari Torrealdai, Xabier Alegria, Pello Zubira, Xabier Oleaga et Martxelo Otamendi, tous journalistes ou membres du conseil d'administration, ont été accusés de collaboration avec ETA. Ils risquaient de douze à quatorze ans de prison.

Sept ans après, ils ont tous été innocentés. Est-ce parce que leurs noms sont difficiles à prononcer, que la presse française fut spectaculairement silencieuse sur cette fermeture ? Alors qu’un Salman Rushdie s’en était inquiété, ainsi qu’une partie de la presse internationale ? En France, les médias sont plus prompts à dénoncer les atteintes à la liberté d’expression en Chine qu’ici, à un jet de pelote de la frontière.

Egunkaria («le journal») était un quotidien d'opinion nationaliste. Que le Pays basque puisse être indépendant : cette opinion, apparemment, ne peut être tenue ni en Espagne ni en France sans passer pour terroriste. A l'abri de frontières qui semblent aussi naturelles que fleuves et montagnes, les Français, tranquillement assis sur une nation millénaire et jacobine, voient de haut les affres de ceux qui réclament un pays, comme si c'était là un détail, ou une menace. Qua