C'est la vidéo qui secoue la Turquie, créant un scandale politico-crapoteux sans précédent. Les images montrent une chambre d'hôtel avec la silhouette d'un septuagénaire trapu se rhabillant : Deniz Baykal, l'insubmersible leader du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate nationaliste, proche de l'armée, 97 députés sur 550) et chef de file de l'opposition laïque. A ses côtés, une quinquagénaire députée de son parti, elle aussi dans le plus simple appareil. Diffusée la veille du week-end sur un site web considéré comme proche de la puissante confrérie islamiste de Fethullah Gulen, la vidéo a été reprise par celui du quotidien islamiste radical Vakit, avant d'être retirée à la demande de la justice.
«C'est une conspiration, et cette conspiration ne vise pas une personne mais la lutte du CHP pour la défense de la République, de la démocratie et de l'Etat de droit» a lancé lundi Deniz Baykal, en annonçant sa démission de la présidence de son parti, à deux semaines du congrès du CHP. Il assure que «cette opération de déstabilisation n'aurait pas pu être montée sans les capacités et l'assentiment du pouvoir». L'affaire choque l'opinion. «Bien que les valeurs morales des Turcs aient beaucoup changé grâce aux feuilletons télévisés, la majorité de la population, et surtout les femmes, n'approuvent toujours pas les relations extraconjugales, surtout des hommes politiques» analyse Adil Gür, spécialiste des enquêtes d'opinion publique.
Le gouv