La question du rôle de la monarchie thaïlandaise est un aspect crucial de la longue crise politique qui oppose les chemises rouges, partisans d’une société plus équitable, au gouvernement et à l’establishment traditionnel alliés aux classes moyennes de Bangkok. Le roi Bhumibol Adulyadej, âgé de 82 ans (dont 64 de règne) et hospitalisé depuis septembre, était dans le passé intervenu à deux reprises, en octobre 1973 et en mai 1992, pour mettre un terme à des crises politiques qui avaient dérapé dans la violence. Mais lors de son discours du 26 avril - sa première allocution depuis le début des manifestations, à la mi-mars -, le monarque s’est limité à exhorter les juges à faire leur devoir. Le «père de la nation» n’a pas pu ou pas voulu faire jouer son autorité morale au moment où ses «enfants» s’entre-déchirent.
A cela plusieurs raisons. D’abord, le déclin récent de cette autorité morale, due à l’utilisation abusive de son image symbolique par les chemises jaunes, militants progouvernementaux opposés à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, lequel concevait la monarchie comme strictement constitutionnelle : des propos tranchés ou une prise de position incisive auraient fait apparaître le roi comme partisan.
Paternaliste. Par ailleurs, l'avenir de ce qu'on appelle ici pudiquement la «haute institution» préoccupe de nombreux Thaïlandais. Le successeur - en principe, le prince héritier, Vajiralongkorn - sera-t-il à la hauteur ? Pendant son long règne, le mo