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Libération

L’agonie d’un homme en rébellion

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Dans les archives de «Libé», il y a 29 ans. Francis Hughes, militant de l’IRA, 25 ans, est entré dans le coma au 59e jour de sa grève de la faim, une semaine après le décès de Bobby Sands.
publié le 15 mai 2010 à 0h00

Margaret Hughes est assise, tassée sur une chaise, les yeux gonflés derrière ses lunettes. D’une main, elle tortille nerveusement l’ourlet de sa robe, de l’autre, elle tient, collé, un petit transistor, à son oreille. A côté d’elle, debout, une casquette vissée sur la tête, son mari me fait un signe de tête en essayant de sourire. Malgré les parents qui tournent dans la pièce et le feu dans la cheminée, ils sont seuls. Leur fils, Francis, entame une nouvelle semaine de grève de la faim et les médecins avouent que son état est de dix jours en avance sur la détérioration «normale». […]

Belfast est loin. Petits fermiers, les Hughes vivent au rythme de la terre gorgée d'eau qui les entoure et les briques noircies de la ville font ici place aux petits murets de pierres qui courent à dos de colline. «Mon fils, dit lentement Patrick Hughes, est un républicain, soldat de l'armée républicaine irlandaise et appartenait à une "unité de service actif" de la région Sud-Derry.» Francis Hughes est né le 28 février 1956 et, contrairement à Bobby Sands, a vécu tout de suite dans le républicanisme le plus farouche.

A Bellaghy, on est nationaliste depuis des générations. «Après l'école, explique le père, il a eu un petit travail de peintre décorateur puis il a rejoint très vite le mouvement républicain.»

L’histoire de Hughes n’est pas banale et, avant même son arrestation et le début de sa grève de la faim, son nom et son visage étaient légendaires dans la régi