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Analyse

Les racines de la crise des «chemises»

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Les «rouges» veulent le retour de l’ex-Premier ministre Thaksin, corrompu mais symbole de démocratisation.
publié le 15 mai 2010 à 0h00

La crise actuelle s’inscrit dans la longue et résistible marche de la Thaïlande vers la démocratie. Un processus cahoteux et pas encore achevé.

Comment la Thaïlande en est arrivée là

L'histoire de la Thaïlande est ponctuée de coups d'Etat (vingt depuis l'abolition de la monarchie absolue en 1932), mais le pays avait connu une progression démocratique régulière depuis mai 1992, lorsque l'armée, sur l'ordre du général putschiste et Premier ministre Suchinda Kraprayoon, avait tiré sur la foule. Le roi Bhumibol Adulyadej avait alors tancé les protagonistes du conflit et réconcilié tout le monde. Dans la foulée de cette crise, l'idée qu'il fallait établir de solides bases d'Etat de droit et de démocratie a fait son chemin. Une nouvelle Constitution a été rédigée, après une série de consultations populaires dans toutes provinces, puis approuvée par le Parlement en 1997. Sur le papier, elle était la «Constitution la plus démocratique» de l'histoire du pays : elle visait à renforcer la stabilité gouvernementale, à combattre la corruption et à mettre en place des «organismes indépendants», comme la Commission électorale, la Cour constitutionnelle et l'agence antiblanchiment pour lutter contre le système de la «politique-argent» qui dominait la vie politique depuis des décennies.

L’arrivée au pouvoir, en janvier 2001, de Thaksin Shinawatra, un lieutenant-colonel de police devenu indécemment riche en surtaxant les téléphones portables grâce à u