A moins de 25 ans, Clotilde Reiss aura passé quarante-cinq jours en prison et neuf mois en résidence surveillée à l’ambassade de France à Téhéran. Ce n’est pas ainsi qu’elle imaginait son séjour lorsqu’elle a débarqué à Ispahan, en février 2009, pour prendre un poste de lectrice de français à l’université. Cette jeune femme, passionnée par l’Iran depuis son plus jeune âge, risque de devoir attendre longtemps avant d’y retourner, tant elle est devenue le symbole d’un bras de fer diplomatique entre Paris et Téhéran.
Son tort ? S'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, alors que le régime, aux abois face aux manifestations postélectorales, a décidé de jouer la carte du «complot étranger». La manœuvre n'a pas vraiment fonctionné envers une opinion qui n'est plus dupe de ce genre d'accusations montées par un pouvoir ayant perdu beaucoup de sa légitimité dans les fraudes électorales de juin dernier et dans la répression qui s'en est suivie. D'autant que lors de sa comparution en août, les Iraniens et le monde ont pu découvrir une femme aux traits délicats, voilée conformément aux lois du pays, et s'exprimant parfaitement en farsi. Emue par son mea culpa et son attachement à la culture persane, l'opinion iranienne la voit plus comme une victime que comme la Mata Hari dénoncée par le régime d'Ahmadinejad…
C’est dès la petite enfance que Clotilde Reiss s’est initiée à la culture persane, grâce à la nourrice iranienne qui l’a élevée après la disparition de sa mère. Di