Prenez un magistrat espagnol, connu du monde entier pour avoir arrêté Augusto Pinochet, enquêté sur Bush Jr, fait tomber pour terrorisme d’Etat un gouvernement socialiste auquel on l’avait invité à participer, avant de mettre à jour un réseau de corruption tentaculaire au sein du parti d’opposition. Un juge qui, en passant, a désactivé la structure espagnole d’Al-Qaeda et la façade légale d’ETA (Batasuna), dont il est devenu l’ennemi numéro 1, au point de se déplacer systématiquement avec deux gardes du corps.
Prenez, donc, Baltasar Garzón, 56 ans, monument de la justice internationale, qui décide en 2008, appuyé par une jurisprudence internationale abondante, d’ouvrir une enquête sur les disparitions de la guerre civile et du régime franquiste afin de mettre fin à près de quatre-vingts ans d’impunité et offrir aux 100 000 familles de disparus la possibilité d’apprendre enfin où se trouvent les corps de leurs proches.
Prenez de l'autre côté deux organisations d'extrême droite, dont la Phalange espagnole, ex-milice du régime franquiste, qui a formé un certain José Maria Aznar. Rajoutez un parti d'opposition qui jongle entre la vie et la mort du fait des révélations de Garzón sur sa corruption endémique et dont le président d'honneur est l'ancien ministre d'Etat de Franco, Manuel Fraga. Ajoutez-y un magistrat du Tribunal suprême, Luciano Varela, qui hait notre juge, coupable de «médiatisme» alors qu'il serait «moins doué» que lui. Mélangez le tout dans un pays dont la doxa décri