Nicolas Blancho est-il le «Ben Laden helvétique» ? Avec ce jeune homme de 26 ans à la barbe fournie, la Suisse tient un épouvantail suffisamment caricatural pour incarner à lui tout seul la peur diffuse de l'islam qui hante de plus en plus les esprits. Président du Conseil central islamique de Suisse, une organisation marginale d'inspiration salafiste, Nicolas Blancho est un converti. Il est né citoyen helvétique, dans la ville de Bienne, et c'est précisément sa conversion à la version la plus radicale de l'islam qui choque l'opinion. Depuis plusieurs semaines, l'homme squatte les plateaux de télévision et les unes de la presse nationale. Il est devenu l'islamiste «utile», celui qui permet à la droite populiste de l'UDC (premier parti politique de la Confédération), de continuer sur sa lancée du référendum victorieux antiminarets du 29 novembre.
Il y a six mois, une majorité de Suisses acceptait l'interdiction de la construction de nouveaux minarets dans le pays, déclenchant une onde de choc à travers l'Europe. L'UDC et ses partisans n'allaient donc pas s'arrêter en si bon chemin : il y a dix jours, le Parlement du canton d'Argovie (dans le nord du pays) a ainsi emboîté le pas de ceux de Berne et de Soleure en préparant une initiative visant à interdire la burqa dans l'espace public helvétique. Et la semaine dernière, l'hebdomadaire zurichois Die Weltwoche, proche de l'UDC, allait encore plus loin en titrant : «Faut-il interdire l'islam ?»
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