Menu
Libération
Interview

«Les pasdaran contrôlent tout»

Article réservé aux abonnés
Ibrahim Nabavi, opposant, pointe l’influence des Gardiens de la révolution sur Ahmadinejad :
publié le 19 mai 2010 à 0h00

C’est le plus connu des journalistes iraniens, l’un des plus courageux aussi lorsqu’il publiait des satires au vitriol dans la presse réformatrice, ce qui lui valut la prison à deux reprises. Pamphlétaire vedette, écrivain, chercheur, Ibrahim Nabavi fut proche de l’ancien président Khatami. Réfugié à Bruxelles, il analyse le pouvoir des pasdaran (les Gardiens de la révolution), véritables maîtres du programme nucléaire iranien.

Est-ce que les pasdaran sont vraiment les maîtres du pays ?

Le modèle du régime, c'est de faire comme à Cuba : prendre toutes les organisations économiques et les lier à l'Etat. En voyant les quelques changements survenus à l'époque de Khatami (1997-2006), le régime a pris conscience qu'Ali Khamenei [le Guide suprême, ndlr] allait perdre peu à peu le pouvoir. Il a donc pris le contrôle de la totalité du système économique et l'a organisé à travers l'Armée des pasdaran. Désormais, toutes les institutions économiques sont liées à l'appareil d'Etat et au ministère de l'Intérieur. Il y a deux ans, on a même annoncé officiellement que l'Armée des pasdaran allait rédiger le budget. Depuis cette date, ce n'est plus l'Organisation du budget qui s'en occupe. Désormais, le régime contrôle tous les flux financiers. Pareil avec les principales infrastructures du pays, comme les oléoducs… et le nucléaire.

Quand la mainmise des pasdaran sur l’économie a-t-elle commencé ?

Dès la fin de la guerre contre l'Irak [1980-1988], les pasdaran ont utilisé le génie militaire à leurs propres fins. Et, peu à peu, ils se sont mis à tout contrôler. Par exemple, ils ont empêché la municip