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Libération
TRIBUNE

Il faut aider la fragile démocratie sri-lankaise

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par Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Vincent Brossel, responsable du bureau Asie de Reporters sans frontières, Bernard Pinaud, délégué général du CCFD -Terre Solidaire., Jean-Marie Fardeau, directeur du bureau de Paris de Human Rights Watch. et Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International- France
publié le 20 mai 2010 à 0h00

Le conflit est-il fini au Sri Lanka ? Souvenez-vous, c’était il y a un an, les derniers obus tombaient sur une zone désertique du nord-est du Sri Lanka. Loin des caméras, des milliers de civils étaient tués dans l’offensive finale qui a permis à l’armée sri-lankaise d’anéantir le dernier carré des séparatistes Tigres tamouls.

Un an déjà que la guerre est finie dans l’île. Mais la politique suivie depuis par les autorités de Colombo permet-elle à ce pays de se reconstruire et de vivre enfin en paix ? Malgré l’ouverture des camps où avaient été parqués des centaines de milliers de Tamouls, le retour progressif de nombre d’entre eux sur leurs terres et l’allégement des lois d’urgence, le gouvernement de Colombo ne semble pas avoir pris la bonne direction pour réconcilier ce pays divisé. Il existe un risque réel de voir rejaillir la guerre civile ou le terrorisme. En effet, le président Mahinda Rajapaksa, à la tête d’une majorité parlementaire confortable, est pour le moins maladroit dans sa stratégie de reconquête des cœurs de la minorité tamoule. Il s’est rendu à Jaffna, capitale des Tamouls, mais s’est adressé en cingalais à la foule. Dans son nouveau gouvernement, le chef de l’Etat n’a choisi que deux ministres tamouls, tous deux chefs de groupes paramilitaires, maintes fois dénoncés par nos organisations pour avoir gravement violé le droit international humanitaire. De nombreux témoignages confirment une présence croissante des militaires ou des civils cingalais dans le nord