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Libération

«La Thaïlande ne sera plus jamais la même»

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Après l’offensive sanglante de l’armée contre les «chemises rouges» à Bangkok, le royaume, divisé, risque de s’enfoncer dans une crise durable.
Immeubles en feu dans une zone commerciale de Bangkok, le 19 mai 2010. (AFP Pedro Ugarte)
publié le 20 mai 2010 à 0h00

Une ville en feu. Des centres commerciaux ravagés. Des combats de rues sans merci entre des militants antigouvernementaux armés de bombes artisanales et de grenades, et des conscrits forcés de tirer sur des Thaïlandais souvent originaires de la même province qu’eux, voire du même village. L’assaut lancé par les militaires contre le camp des «chemises rouges», un fortin de bambous et de pneus dans le cœur commercial de Bangkok, a provoqué une situation d’anarchie dans la capitale thaïlandaise. L’un des plus anciens cinémas de Bangkok s’est effondré après avoir été incendié. Le feu a fait rage toute la nuit dans l’immense centre commercial Central World, complexe de sept étages où les Bangkokiens venaient passer leur dimanche à faire du shopping. Des bâtiments gouvernementaux sont calcinés. Jusque tard dans la nuit, des poches de résistance défiaient les milliers de militaires déployés pour «pacifier» Bangkok.

Le film de la journée s'est déroulé selon un scénario que personne n'avait imaginé. Un cataclysme sans précédent depuis cent ans. «Comment en est-on arrivé là ? La Thaïlande ne sera plus jamais la même», confie un universitaire thaïlandais. A 6 heures du matin, les soldats prennent position, tirent sur les défenseurs des barricades armés de cocktails Molotov et de bombes artisanales. Très vite, les rouges refluent, avec de nombreuses pertes. Paniqués, les manifestants se réfugient dans une pagode. Ils n'en bougeront pas, persuadés que s'ils sortent, ils seront