Certains l'appellent déjà l'Aung San Suu Kyi éthiopienne. Incarcérée sans cesse, tout comme la figure charismatique de l'opposition birmane, elle incarne l'espoir d'un renouveau. Nous sommes en juillet 2008. La jeune femme s'assied à la terrasse d'un grand hôtel d'Addis-Abeba, rayonnante dans son tailleur sombre. Birtukan Mideksa vient à l'époque de prendre la tête de l'un des principaux partis d'opposition, l'Union pour la démocratie et la justice (UDJ), né sur les cendres de l'ancienne coalition en lice lors des élections de 2005. C'est la première fois qu'une femme accède à de telles responsabilités politiques en Ethiopie. Sortie de prison un an auparavant, elle a retrouvé sa fille, qui avait 8 mois lorsqu'elle a été arrêtée. Comme le dira plus tard la mère de l'opposante, qui s'est occupée de l'enfant, «on croyait que c'était la fin du cauchemar».
Quand intervient sa première incarcération, la carrière de Birtukan est déjà bien mouvementée. Après avoir achevé des études à l'université de droit, elle est devenue juge fédérale de première instance. En 2001, elle instruit une affaire impliquant l'ex-ministre de la Défense Siye Abraha, aujourd'hui l'un des principaux opposants au régime. «Le cas se présentait comme une affaire de corruption, mais en réalité, il s'agissait d'un règlement de compte politique suite à des divisions au sein du parti au pouvoir», nous confiait-elle en 2008. En accord avec ses deux collègues, elle prononce la libération sous cautio