Son nom Kilicdaroglu signifie en turc «porte-épée» mais beaucoup le surnomment «Gandhi» pour son physique menu et son sens du dialogue. Kemal Kilicdaroglu, élu samedi à la tête du CHP (Parti républicain du peuple), la principale force d’opposition, porte désormais les espoirs de la gauche turque et du camp laïc. C’est une page qui se tourne après le long règne de Deniz Baykal, indéboulonnable leader du parti fondé jadis par Mustafa Kemal Atatürk finalement contraint de jeter l’éponge à cause d’une vidéo le montrant dans des ébats amoureux avec une députée de son parti.
Le nouveau patron du CHP est un alévi (branche moderniste issue du chiisme) qui jouit d’une réputation de probité dans une classe politique marquée par des affaires de corruption. Et il a mené avec succès plusieurs opérations «mains propres», devenant la bête noire de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002. Selon des sondages, le CHP pourrait sous sa direction recueillir jusqu’à 32% des voix, loin devant ses scores actuels : autour de 20%. Il incarne en effet un ton nouveau loin du sourcilleux républicanisme kémalisme et du nationalisme de Baykal.
Economiste de formation, fonctionnaire puis syndicaliste avant de se lancer en politique il y a dix ans, Kilicdaroglu fut élu député d’Istanbul aux législatives de 2002. Aux municipales de 2009, il réussit à défier l’AKP dans son fief, ratant de peu la conquête de la mégalopole du Bosphore. Il a remobilisé la partie populaire du CHP, mais a aussi ré