Où sont-ils ? Où sont les capitaines d’industrie, les banquiers, les hauts fonctionnaires et les universitaires dont la Thaïlande émergente s’enorgueillit en temps normal ? La réponse, après la reddition des protestataires mercredi à Bangkok et le départ de plusieurs incendies au cœur de la capitale, est malheureusement peu reluisante.
A quelques rares exceptions près, les acteurs clés de cette nouvelle élite thaïlandaise mondialisée, majoritairement résidents de Bangkok, ont préféré se taire et attendre.
Beaucoup plaidaient même, en privé, pour que l’ordre revienne à tout prix dans la capitale thaïlandaise. Sous entendu : seuls les militaires sont capables de ramener la stabilité. Le Premier ministre Abhisit, diplômé d’Oxford et incarnation de cette élite, a fait le même pari, au prix de plus de 70 morts et de milliers de blessés. Comme si le kaki des uniformes était, entre le «rouge» des partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra et le «jaune» de ses adversaires les plus résolus, la couleur du moindre mal. De la part d’une bourgeoisie urbaine d’ordinaire si pressée de se gausser des blocages sociaux en Europe ou des archaïsmes de nos systèmes démocratiques, cette posture ne surprend pas. Plus que les inégalités sociales certes criantes, c’est cette défiance envers l’Etat et ses représentants élus qui a semé, depuis des années, les graines de l’affrontement actuel.
Grands gagnants de la reprise économique depuis la fameuse crise asiatique de 1997-1998, les fils