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Libération

Sous les tentes, la vie vaille que vaille

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Dans le camp de Pétionville, où s’entassent plus de 6 500 personnes, les réfugiés s’organisent comme ils peuvent, sans moyens ni matériel.
publié le 24 mai 2010 à 0h00

Un peu plus de quatre mois après le séisme, le camp Saint-Pierre, au centre de Pétionville, sur les hauteurs de Port-au-Prince, est une des feuilles volantes du catalogue de la misère haïtienne. Selon le «recensement» réalisé par les treize membres autoproclamés du «comité central» du camp, 6 542 personnes vivent là en s'efforçant de recréer «une vie d'avant», comme le dit «madame Jacqueline», qui a perdu frères et mari. Aujourd'hui, donc, 6 542 personnes. «Mais nous avons été ici plus de 11 000 dans les deux premiers mois !» avance Jean Jimmy, qui s'est bombardé «trésorier d'une caisse vide». Quand le soleil est chaud et blanc comme ce jour-là, c'est qu'il annonce l'orage tropical. En dix minutes, la place en partie pavée n'est alors plus qu'un marécage. Les rigoles de pluie emportent les détritus jusque dans les tentes cousues les unes aux autres, et les pieds nus s'enfoncent dans la glaise du trottoir dans un bruit de succion.

«Oubliés». «Nous sommes condamnés à rester là. Où irions-nous ? En plus, l'eau qui nous est livrée est gratuite… Ailleurs, il faudrait la payer», dit Cornelia qui, comme une centaine de femmes du camp, vend de la farine, du riz ou du charbon de bois. Avant le 12 janvier, elle «tenait commerce» sur un trottoir du centre de Pétionville. Aujourd'hui sa «boutique» mesure 1,50 mètre et rapporte 250 gourdes (5 euros) de chiffre d'affaires les bons jours, dit-e