Cheveux ras et fin collier de barbe encadrant un visage de boxeur, Michael Christopher Coke, 41 ans, était jusqu’au milieu de la semaine dernière un parrain discret, redouté et respecté de la pègre en Jamaïque. Plus soucieux de faire fructifier son juteux business officiel lié aux travaux publics et au transport de marchandises que d’attirer l’attention par ses frasques, «Dudus» - comme il est surnommé sur la petite île des Caraïbes - s’était prudemment tenu à l’écart du maelström médiatique.
Ses nombreuses accointances politiques, tant au sein du Parti travailliste jamaïcain (JLP, au pouvoir) que du Parti national du peuple (PNP, opposition), lui valaient une paix souveraine qui lui permettait de blanchir tranquillement les fabuleux bénéfices générés par le trafic de drogue (marijuana, crack et cocaïne) et d'armes à destination de l'Amérique du Nord. Prise sous la pression insistante de Washington, la décision du Premier ministre, Bruce Golding, de le faire arrêter et de l'extrader vers les Etats-Unis, a déclenché une véritable guerre civile à Kingston, capitale de la Jamaïque. Les Américains le considèrent en effet comme le «parrain le plus dangereux du narcotrafic à la surface du globe» et veulent le juger sur leur territoire où il risque la prison à vie et des millions de dollars d'amende pour ses supposées activités délictueuses.
Des milliers de ses partisans, puissamment armés et venus de tous les coins de l'île, affrontent la police et l'armée depuis une semain