En découvrant des photos volées de ses enfants et de son épouse en octobre, Alirio Uribe a frémi. Dans les bureaux du parquet colombien, un enquêteur lui montrait le dossier que les services secrets présidentiels avaient accumulé sur lui en toute illégalité. Des journées entières de sa vie privée y étaient reconstruites, dans le plus pur style de la Stasi. «Dès que je me levais, à 4 heures du matin, ils suivaient à la trace le moindre mouvement dans la maison», raconte aujourd'hui cet avocat, dont le principal tort est de défendre les victimes de l'Etat colombien.
Comme lui, des journalistes, des politiciens de gauche et des magistrats qui enquêtaient sur la complicité avec la mafia de proches du président conservateur, Alvaro Uribe (sans parenté avec Alirio), ont été victimes du Département administratif de sécurité (DAS) : filatures, intimidations, montages… Malgré les menaces qui pèsent sur les témoins, la justice commence à établir que les ordres venaient au moins de l’entourage du chef d’Etat, sinon de lui-même. Cette affaire s’est ajoutée à toute une série de scandales qui pourraient peser dans les urnes dimanche, lors du premier tour de l’élection présidentielle.
«rasoir». Dans ce contexte, l'universitaire de centre droit Antanas Mockus, ex-maire de Bogotá, a créé la surprise : son discours «rasoir» de respect de la vie et des lois devrait lui assurer de se qualifier pour le second tour du 20 juin. Son principal adversaire, Juan Manuel Santos,