Les cris fusent, repris par des milliers de manifestants place Taksim, au cœur d'Istanbul. «Dieu est grand !», «Honneur aux martyrs !», «Mort à Israël !» Les femmes portent pour la plupart le foulard, les hommes la barbe. «Nous continuerons à protester jusqu'à ce qu'Israël libère les bateaux et leurs passagers», déclare un responsable de l'IHH, organisateur de l'opération «Direction Gaza». Créée en 1992 par des activistes musulmans, cette fondation proche du gouvernement du Parti de justice et du développement (AKP, islamique modéré) est active dans 120 pays et se définit comme «un pont de bienfaits entre la Turquie et la planète».
Manœuvres. Au-delà du choc dû au nombre de morts, c'est l'orgueil national turc qui est touché. Cette nouvelle crise risque de donner le coup de grâce à des relations israélo-turques longtemps excellentes, notamment sur le plan militaire avec l'accord de défense de 1996, puis sérieusement mises à mal par l'AKP. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a de plus en plus violemment dénoncé la politique menée par Israël, y gagnant en popularité dans le monde musulman. «Notre ambassadeur en Israël a été rappelé à Ankara», a déclaré hier le vice-Premier ministre turc, Bülent Arinç, qui assure l'intérim du Premier ministre, en visite officielle en Amérique du Sud. Ce dernier n'a d'ailleurs pas manqué de faire savoir, depuis le Chili, que la Turquie «ne restera pas inerte et silencieuse au sujet d