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Libération

Le seau bleu, emblème de la fronde russe contre la «gyropharocratie»

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publié le 2 juin 2010 à 0h00

Quais de la Moskova, au pied du Kremlin. Une voiture gouvernementale surmontée d'un gyrophare s'arrête au feu rouge. Coiffé d'un seau bleu en plastique, manquant de se faire écraser, un type fonce sur le véhicule, l'escalade, puis s'enfuit. La performance des artistes de Voïna («guerre» en russe) s'intitule «L'attaque des seaux bleus» et s'inscrit dans un nouveau mouvement de protestation né il y a quelques semaines à Moscou. Le vice de la capitale russe, c'est sa circulation routière. Et le fléau de ce trafic, ce sont les véhicules des ronds-de-cuir qui se sont arrogés le droit d'enfreindre tous les codes, protégés par des gyrophares bleus, apanage exclusif, en théorie, des très hauts fonctionnaires (en réalité, comme tout le reste, ce privilège s'achète). Les migalki («gyropharés») peuvent en toute impunité rouler à contresens, monter à 200 km/h et passer au rouge.

La Société des seaux bleus (OSV) est un mouvement civil et apolitique né pour lutter en toute légalité contre la gyropharocratie. Pour manifester son allégeance à la cause, il suffit de scotcher sur le toit de son véhicule un seau bleu (on en trouve dans tous les bacs à sable). Lancée par un célèbre journaliste et éditeur, Sergueï Parkhomenko, l’idée a été reprise rapidement par un millier de conducteurs moscovites. Outre les courses automobiles organisées à travers la ville, les militants se sont déjà réunis à plusieurs reprises pour se promener à pied dans les rues de la capitale. Dans ce cas, les seau