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Libération
Critique

Le rouge et le noir

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Les années de plomb italiennes revisitées dans un ouvrage collectif dirigé par Marc Lazar et Marie-Anne Matard-Bonucci
publié le 3 juin 2010 à 0h00

La métaphore «Die bleierne Zeit» - littéralement «Temps de plomb» - fut employée la première fois en 1981 par la réalisatrice allemande Margarethe von Trotta à propos du terrorisme allemand de la Fraction armée rouge. L’expression fut aussitôt reprise en Italie. Nulle part en Europe un terrorisme politique sans accroche nationaliste (comme au Pays basque ou en Irlande du Nord) ne dura aussi longtemps et n’eut un tel enracinement social impliquant des franges du mouvement étudiant mais aussi de jeunes «prolos» en colère. L’heure est aujourd’hui au travail des historiens, même si le dernier assassinat commis par de «Nouvelles Brigades rouges», celui de Marco Biagi, un expert du droit du travail, date de 2002.

Déséquilibre. «Indépendamment de ces épisodes de violence, l'actualité mémorielle rappelle l'intensité et la vivacité de ce passé. Il ne se passe pas de semaine dans la Péninsule sans débat public et controverses sur les années de plomb déclenchés par des acteurs ou des responsables politiques», soulignent Marc Lazar et Marie-Anne Matard-Bonucci, maîtres d'œuvre de cet ouvrage collectif essentiel sur le terrorisme italien. Le travail de l'historien sur un sujet resté sensible n'est pas simple, aussi, en raison du déséquilibre entre l'abondance des sources et témoignages sur le terrorisme d'extrême gauche et leur relative rareté sur celui d'extrême droite, couvert, sinon directement manipulé, par des secteurs des servi