Tout le long de l’autoroute N1 qui va de Johannesburg vers le nord, à la frontière du Zimbabwe, les noms des villes ont changé, ces dernières années. Warmbad est devenu Bela-Bela (source chaude en sisotho, l’une des 11 langues nationales), Nylstroom Modimolle, Naboomspruit Mookhophong, Potgietersrust Mokopane et Pietersburg, Polokwane.
Seule exception sur ce trajet : Louis-Trichardt. Cette ville de 450 000 habitants porte toujours le nom d'un voortrekker, l'un de ces pionniers afrikaners partis en convois de carrioles vers le nord, entre 1835 et 1838, pour fuir la loi des Anglais dans la colonie du Cap. D'abord rebaptisé Makhado en 2005, en hommage à un roi venda, l'une des grandes ethnies africaines de la région, le bourg est redevenu Louis-Trichardt deux ans plus tard, à la suite d'un procès remporté en appel par l'Association des présidents. Ce front de 41 associations locales se présente comme multiracial, grâce à ses deux composantes indiennes et son seul membre noir, le Groupe «inquiet» de Hlanganani. Ce dernier représente 27 000 membres de l'ethnie shangaan, qui s'estime lésée par le nom venda de Makhado. Pour le reste, l'Association des présidents recrute surtout parmi les 10 000 membres de la communauté blanche de Louis-Trichardt : paroisses, écoles, clubs de sport, Rotary Club, «commandos» qui servent de milices d'autodéfense aux fermiers de la région, sans oublier l'Afrikanerbond, une société secrète puissante au temps de l'apartheid. Le processus de consu