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Libération
Reportage

La peur d’être «out of South Africa»

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Zimbabwéens, Mozambicains ou Ethiopiens redoutent une flambée de violences xénophobes.
publié le 4 juin 2010 à 0h00

Dans les townships de Johannesburg et du Cap, les rumeurs de prochaines attaques violentes contre les étrangers circulent, se propagent, s'intensifient. Après la Coupe du monde, promet-on, les Makwere Kwere («sales étrangers») devront partir. Ou mourir. «Nous avons peur, mais on ne sait pas où aller, confient Morgan et Daniel, deux réfugiés zimbabwéens. On attend, on verra bien.»

A 20 ans, les deux amis ont fui leur pays à la veille de l’élection présidentielle. En 2008, les violences politiques faisaient rage et on ne trouvait plus à manger. Ils se sont installés dans le dangereux township d’Alexandra, aux portes de Johannesburg, la capitale économique de l’Afrique du Sud. Ils y ont trouvé un emploi, et en frères aînés responsables, ils envoient la moitié de leur salaire à leur famille.

Mais c’est ici, à Alexandra, que les premières attaques xénophobes ont éclaté en mai 2008. Zimbabwéens, Mozambicains, Ethiopiens, ou Congolais ont été chassés de leur maison et même brûlés vif ou battus à mort. Les violences se sont propagées à travers le pays et en un mois, soixante personnes ont été tuées, et plus de 100 000 immigrés ont fui. Depuis 2008, les associations dénombrent au moins cinquante homicides contre les Ethiopiens, souvent les premières victimes de racisme.

Pressions. Depuis deux ans, Morgan et Daniel essuient «brimades, insultes et racket de la police». Un quotidien dont ils se seraient presque accommodés. Mais