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Libération
Reportage

Noirs, riches et «afrochic»

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De plus en plus nombreux, les millionnaires venus des townships tentent de s’imposer malgré les sarcasmes des Blancs et les critiques de leur propre communauté.
publié le 4 juin 2010 à 0h00

Basetsana Kumalo appartient à la classe de ces nouveaux riches noirs que l'opposition blanche dénonce comme les Gucci Revolutionaries - des révolutionnaires qui consomment à gogo. A 35 ans, cette ancienne reine de beauté, couronnée miss Soweto en 1990 et miss Afrique du Sud en 1994, a d'abord été présentatrice télé, avant de se servir de son carnet d'adresses pour se lancer dans les affaires. Elle roule en Jaguar, «adore» ses lunettes Gucci et revendique son snobisme : elle ne fait aucun shopping en dehors de ses week-ends à Londres, New York ou Tokyo.

Elle aurait bien lancé, en Afrique du Sud, une marque de vêtements bon marché, mais elle n’a pas trouvé les bons partenaires, ni les financements nécessaires. Du coup, seule sa gamme de maquillage, Bassie, est en vente dans les grands magasins Foschini à travers le pays. Boutique préférée ? Stoned Cherrie, marque «afrochic» qui vend 450 rands (48 euros) des tee-shirts qui rendent hommage à Steve Biko ou à 1976, année marquée par la répression des émeutes d’écoliers à Soweto. Chacun de ces tee-shirts coûte le tiers du salaire moyen d’une femme noire en Afrique du Sud. Mais, pour Basetsana Kumalo, fric rime avec conscience politique : sensible aux innombrables critiques qui reprochent aux nouveaux riches noirs d’avoir quitté les townships et tourné le dos à leur communauté, Basetsana Kumalo et son mari, un directeur de l’opérateur téléphonique Cell C, ont lancé une fondation qui vient en aide aux orphelins du si