Le crépitement de mitraillettes et des fusils automatiques se répercute en roulement de tonnerre entre les immeubles de Jianguomenwai, un des quartiers réservés aux étrangers de Pékin. Les balles frappent les façades et viennent se ficher au plafond des appartements. Accroupi aux fenêtres, on peut voir défiler un convoi de plus de cent camions chargés de soldats qui pointent leurs armes vers les fenêtres. Dans la cour, des familles paniquées, chargées de valises et de cages à oiseaux, s’entassent dans des voitures couvertes de drapeaux de toutes les nations. Une nouvelle journée de loi martiale commence à Pékin.
La capitale chinoise a vécu hier dans un mélange d'incertitude et de crainte de plus en plus pesant. Des convois militaires l'ont traversée en tous sens, sans qu'il soit possible de savoir s'ils se repliaient ou s'ils allaient occuper des positions en vue d'un éventuel siège. Il semble que le statu quo demeure ; le 27e corps d'armée contrôle le centre de Pékin mais est entouré de forces hostiles.
Hier, le convoi était ouvert par un millier de fantassins, baïonnette au fusil qui scandaient des slogans tels que : «A bas l'émeute contre-révolutionnaire ! A bas la corruption !» ou bien «Nous aimons le peuple de la capitale ! Nous aimons la jeunesse !» Ces derniers slogans résonnent de façon sinistre quand on sait que ceux qui les scandent sont les principaux auteurs d'un massacre qui selon une source de la Croix rouge chinoise aurait fait 2 600