D’un coup d’un seul, les médias généralistes s’emparent du thème des suicides dans les usines chinoises. Car il paraît que l’on s’y suicide, au moins autant que dans les établissements français de France Telecom. Les suicides des jeunes ouvriers de Foxconn, sous-traitant d’Apple, ne sont sans doute pas les premiers, dans les usines chinoises. Mais, jusqu’à présent, les ouvriers chinois se suicidaient dans un trou d’ombre du système médiatique mondial. Désormais, le pinceau de lumière s’approche d’eux.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi cette usine-là, et pas une autre ? Risquons une hypothèse : l'usine est celle qui fabrique les iPhones. Voilà qui est «concernant» pour le rédacteur en chef comme pour le lecteur. Derrière mon gadget chéri et indispensable, derrière mes ingénieuses «applis», de la sueur, des larmes, de l'exploitation ! Comment est-ce donc possible ? (En Grande-Bretagne, The Independent imagine une superbe une, mettant en parallèle l'iPad en majesté, et la photo du dernier jeune suicidé, avec ce titre : «Mourir pour un gadget?»)
De «l'usine du monde» parvient donc une avalanche de détails sur les conditions de travail. Les dortoirs où se reposent les ouvriers, à dix par chambrée. L'obligation de faire des heures supplémentaires, jusqu'à travailler douze heures par jour, pour s'assurer un salaire décent. Un système d'indemnisation en cas de décès, qui peut pousser de jeunes ouvriers à commettre l'irréparable, pour assurer la subsistance de leur famil