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Libération

Six mois d’entêtement de Berlin qui coûtent cher à l’Union

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Les Etats de la zone euro devaient s’accorder hier soir sur le plan de sauvetage de 440 milliards.
par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant
publié le 8 juin 2010 à 0h00

Berlin et Paris ont étalé comme à plaisir leurs divergences depuis le début de la crise de la dette souveraine, en décembre 2009, ce qui a contribué à paniquer chaque jour davantage les marchés financiers. Les Etats membres de l’eurozone espèrent que l’adoption, hier soir, à Luxembourg, des derniers détails du plan de sauvetage européen, doté de 440 milliards d’euros, refermera cette parenthèse et que les investisseurs seront convaincus de la solidité de la zone euro.

C’est la chancelière allemande qui est largement responsable de cette cacophonie. Angela Merkel a traîné, pour des raisons de politique intérieure, à affirmer sa solidarité avec les pays du Sud de l’Europe confrontés à la défiance des investisseurs, alors que l’Elysée la pressait d’agir rapidement, afin d’enrayer une crise de confiance qui menaçait de dégénérer. Même si Nicolas Sarkozy s’est abstenu de toute critique publique, il n’a pas dissimulé, en privé, son exaspération. Rien n’a été facile…

Ainsi, le mégaplan destiné à venir en aide aux Etats qui n’arriveraient plus à se financer normalement sur les marchés n’a été adopté, le 10 mai, qu’après d’interminables négociations. Pour Berlin, il n’était pas question de permettre à la Commission d’emprunter sur les marchés pour prêter de l’argent aux pays en difficulté : cela ressemblerait trop à un sauvetage direct, interdit par les traités. Ses partenaires ont donc accepté de créer une société ad hoc de droit luxembourgeois qui pourra, elle, emprunter sur les marc