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Libération
Reportage

Les Pays-Bas, paradis perdu de la tolérance

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Minée par les débats sur l’islam, la société néerlandaise doute, à la veille des législatives, des valeurs sur lesquelles repose son modèle.
publié le 9 juin 2010 à 0h00
(mis à jour le 9 juin 2010 à 11h53)

La famille Boot occupe l'un des étages d'une maison des abords du Vondelpark, le plus grand jardin public du centre d'Amsterdam. Plantes vertes et chat noir, les apparences de vie tranquille qui se dégagent de leur appartement sont trompeuses. Voilà plusieurs années, en effet, que le couple pense à quitter les Pays-Bas. «Le pays s'est refermé sur lui-même et les mesures de Rita Verdonk ont vraiment changé l'ambiance», affirme Anne Boot, employée française au chômage depuis quelques mois, mariée à un Néerlandais. Rita Verdonk, ancienne ministre libérale de l'Intégration, a imposé en 2006 un examen de néerlandais aux demandeurs de visas et aux étrangers demandant la nationalité. Elle a aussi pensé, un moment, interdire aux étrangers de parler leur langue dans la rue.

Retour de bâton «Avant tout ça, en 2003, j'avais déjà connu une période de chômage, raconte Anne Boot, et j'avais été suivie par une fonctionnaire qui ne me parlait qu'en anglais, sans problème. Aujourd'hui, plus personne à l'assurance-chômage n'accepte de parler aux étrangers dans une autre langue que le néerlandais.» Autre signe des temps qui changent, pour Anne Boot : le musée Van-Gogh, à Amsterdam, a cessé d'organiser des ateliers en anglais pour les enfants non néerlandophones… Son mari, manager dans une société informatique, estime que le pays «paye le prix d'une certaine tolérance, et aussi les limites de cette tolérance : quand on laisse tout faire, il y a for