«La vie en Iran, c'est comme un accident de voiture, on ne sait jamais quand il va se produire.» Ces mots, ceux d'une artiste iranienne, Clotilde Reiss, 24 ans, a pu en éprouver la vérité. Lectrice à l'université d'Ispahan, elle a été arrêtée le 1er juillet 2009 à l'aéroport de Téhéran pour s'être rendue à deux reprises aux grandes manifestations de l'opposition qui ont fait suite à la réélection truquée d'Ahmadinejad. Emprisonnée pendant quarante-sept jours, condamnée pour espionnage, elle a été libérée sous caution le 16 août 2009 contre le versement de 200 000 euros avec interdiction de quitter Téhéran. Considérée par Paris comme une otage du régime, elle sera retenue dix mois avant de pouvoir rentrer en France, le 15 mai. A la différence d'autres ex-otages, Clotilde Reiss n'entend pas faire commerce de son malheur. Mais elle veut néanmoins témoigner. D'où son récit exclusif qu'elle a confié à France Culture et dont Libération reprend des extraits, accompagnés de ses dessins.
La prison d’Evin
«C’est une très grande prison. A l’extérieur, il y avait une foule de gens et j’ai compris que c’était les parents des prisonniers qui attendaient d’avoir des nouvelles de leurs enfants, savoir s’ils étaient arrêtés ou pas. Ils m’ont emmenée à la section 209, celle des politiques. Dans une petite cour, entre quatre murs, on m’a d’abord mise toute nue comme si j’étais une véritable espionne. J’ai eu droit à des vêtements d’homme XXL, beaucou