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Libération

La gauche slovaque très adroite

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Surfant sur le nationalisme, le Premier ministre, Robert Fico, devrait être reconduit dimanche.
publié le 10 juin 2010 à 0h00

Juché sur son cheval, Svätopluk pointe fièrement son sabre vers le Danube. La statue a été inaugurée dimanche dans l'enceinte du château qui domine Bratislava, à une semaine de législatives qui vont décider du maintien ou non de l'équipe populiste au pouvoir depuis quatre ans. Sur le socle du monument, une inscription rend «hommage au roi» qui gouverna de 846 à 859. Son auteur, Jan Kulich, sculptait dans sa jeunesse des bustes de Lénine. «Ce gouvernement réécrit l'histoire. Qu'importe que Svätopluk n'ait jamais été roi, mais prince ou duc, et que la Grande Moravie sur laquelle il régnait n'ait comporté qu'une infime partie de la Slovaquie actuelle, l'important, c'est de pouvoir dire que nous étions là les premiers, avant les autres, et surtout avant les Hongrois», explique Grigorij Meseznikov, le directeur de l'Institut des affaires publiques. Les Hongrois sont l'ennemi héréditaire qui domina la région pendant plus de trois siècles. L'inauguration de la statue de Svätopluk a été accueillie à grands cris par l'élite artistique.«Essayer de singer le XIXe siècle est un signe de mauvais goût et un manque de maturité nationale. Nous avons besoin d'œuvres qui reflètent notre temps», soulignent les artistes slovaques dans une lettre au président, Ivan Gasparovic, et au Premier ministre, Robert Fico, chef du parti Smer («direction»), social-démocrate, avant d'être exclu puis réintégré de l'Internationale socialiste pour ses alliances contre nature.