«Il était cinq heures du matin, samedi, raconte Patrick, marchand de journaux à Bruxelles. La voiture devant nous s'est violemment encastrée dans le rond-point, chaussée de Stall, à l'entrée de Bruxelles. Le conducteur était mourant. J'ai appelé le 112, le numéro d'urgence international. Et là, une dame me répond en flamand. Je ne le parle pas, je suis Français. J'ai tenté l'anglais, rien à faire. Elle ne veut parler qu'en flamand. Furieuse, elle me raccroche au nez. Je rappelle une seconde fois. Rebelote. J'ai finalement appelé la police qui est arrivée un quart d'heure plus tard et a enfin fait venir une ambulance. Je ne sais pas si le gars s'en est sorti.» Ce que ne savait pas ce libraire, c'est que l'accident a eu lieu exactement à la limite de la frontière linguistique qui sépare la Belgique entre francophones et néerlandophones : à l'est, Drogenbos, ville flamande ; à l'ouest, la région de Bruxelles capitale, zone bilingue. Son appel a donc abouti en Flandre, à Louvain très précisément, à quelques centaines de mètres au nord de la frontière linguistique. Et, en Flandre, l'administration doit uniquement employer le flamand.
Enclave. Drogenbos, petite commune de 5 000 habitants dont 80% sont francophones, est justement l'un des avant-postes de la guérilla linguistique que mène la Flandre contre l'extension de la «tâche d'huile» francophone autour de Bruxelles, capitale de la Belgique enclavée en Flandre, et dont moins de 15% des habitant