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Libération
Récit

Le Kirghizistan à feu et à sang

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Les violences ethniques gagnent le sud du pays où près de 100 personnes sont mortes.
publié le 14 juin 2010 à 0h00

Ils ont veillé toute la nuit de samedi à dimanche, sursautant aux bruits des coups de feu, aux passages des voitures, aux sirènes des ambulances. Vazira, son mari Aljambek et leurs deux enfants vivent à Djalalabad, au sud du Kirghizistan. La famille est ouzbèke et craint les attaques des jeunes Kirghizes qui rôdent dans les rues, tirent au hasard et attisent la haine entre les deux communautés.

Dans cette grande maison plongée dans le noir, le téléphone sonne sans arrêt, et les rumeurs les plus folles circulent, alimentant l’inquiétude du foyer.

Le scénario ici est le même qu’à Och, capitale du sud du pays, où les affrontements ont démarré jeudi soir, à la suite, semble-t-il, d’une simple rixe.

Depuis, une partie de la ville est en flamme. On y dénombre officiellement 97 morts et plus de 1 200 blessés, des chiffres, selon nombre d’observateurs présents sur place, largement sous-évalués. Comme une traînée de poudre, les affrontements entre Ouzbeks et Kirghizes se sont étendus vendredi, d’abord aux villages des alentours de Och, puis à toute la région. A Djalalabad, gros bourg sur la route qui coupe le Kirghizistan du nord au sud, l’état d’urgence a été instauré samedi, et les accès à la ville sont bloqués. Dans la nuit, l’université, un lycée ouzbek, des magasins et plusieurs maisons ont été incendiés.

Barricadés. Le gouvernement provisoire du Kirghizistan a étendu dimanche l'état d'urgence à toute la région de Djalalabad «en raison des affrontements ininterr