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Floride Etat dealer

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La législation sur le traitement antidouleurs offre aux cliniques de Floride la possibilité de délivrer des médicaments à base d’opiacés. Et nourrit un marché parallèle lucratif.
publié le 15 juin 2010 à 0h00

La drogue arrive par UPS ou Federal Express. Tous les jours ou presque, on peut voir les camionnettes des services postaux s’arrêter devant les cliniques spécialisées en «traitements antidouleurs» dans le comté de Broward, sur la côte atlantique de la Floride, et livrer les colis de pilules. Certaines d’entre elles dressent fièrement leur enseigne, entre fast-foods et salons de beauté : «Pain Clinic» (clinique de la douleur), «Pain Management», «Nouveaux Clients bienvenus», «Sans rendez-vous», annoncent-elles. D’autres sont plus mystérieuses et n’affichent pas même leur nom, mais toutes se repèrent facilement aux Corvette, Lamborghini ou autres voitures d’épate de leurs docteurs. Et aux foules de junkies et de dealers qui rôdent aux alentours, téléphone portable vissé à l’oreille, comptant leurs liasses de billets en pleine rue.

Grâce à une législation très libérale sur les médicaments «antidouleurs», la Floride sert de pharmacie où tous les Etats voisins viennent s'approvisionner en opioïdes, des substances opiacées de synthèse aux effets proches de l'héroïne : oxycodone, hycrocodone, méthadone ou en sédatifs comme le xanax et le valium. Les drogués brûlent les comprimés pour les sniffer, les croquent ou les injectent pour un effet intense et immédiat. Le résultat est ravageur : «Au moins six à onze personnes meurent chaque jour en Floride d'abus de ces médicaments», observe le docteur Sanford M. Silverman, qui dirige, lui, une véritable clinique spécialisée dans le