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Libération

«Nous avions peur que les Kirghiz arrivent pour nous tuer»

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Des milliers de réfugiés ouzbeks fuient les pogroms qui se sont produits à Och, dans le sud du Kirghizistan. Beaucoup restent bloqués à la frontière.
publié le 17 juin 2010 à 0h00

Sur la route entre l’aéroport et le centre-ville d’Och, le silence pèse lourd sur les quartiers ouzbeks de part et d’autre de l’artère. Les rues sont vides, et seuls les «SOS» peints à la va-vite sur les murs des maisons rappellent la tragédie que les habitants vivent depuis une semaine. Difficile de reconnaître aujourd’hui Och, capitale de la vallée de la Ferghana, naguère un vibrant carrefour grouillant d’artisans, de commerçants et de chalands. Des pans entiers de la ville - majoritairement les quartiers ouzbeks - ont été incendiés. Au détour des rues, des carcasses de voitures ou de camions, des troncs d’arbres ou de simples parpaings barrent le passage, chaque quartier se défendant des bandes armées, qui, souvent invisibles, se déplacent dans la ville.

Sur la place Lénine, devant l’administration centrale où flotte un immense drapeau kirghiz, quelques blindés et des camions à bétail, chargés de civils, se préparent à partir. Les femmes hissent les enfants dans les véhicules, direction l’aéroport où les évacuations ont commencé. La plupart des Ouzbeks, eux, ont fui vers la frontière et dans des villages isolés où se sont établis des camps de fortune. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) parle de 275 000 déplacés. Pour aller jusqu’à eux, il faut passer par les check-points militaires et montrer patte blanche. Puis, on tombe sur des barrages tenus par des Ouzbeks, presque tous les 500 mètres, avant d’arriver aux camps de réfugiés.

Sanglots.