Son livre d’or sous le bras, Venus Cissé est radieuse. Responsable de l’hôtel Ivoire, à Abidjan, elle vient d’épingler une nouvelle star à son tableau de chasse: Graça Machel, la femme de Nelson Mandela. Fin mai, cet établissement mythique qui a fait la fierté de la Côte-d’Ivoire a rouvert brièvement pour accueillir le gotha de la finance du continent, à l’occasion de l’assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD). Durant quelques jours, on y a phosphoré sur la croissance mais aussi dîné et trinqué à la prospérité de l’Afrique. Comme à la grande époque du «père de la Nation», Félix Houphouët-Boigny, quand des centaines de personnes, dont une majorité de Français, festoyaient au bord de la piscine.
Puis l’hôtel, propriété de l’Etat ivoirien, est retombé dans sa torpeur. Il a refermé ses portes pour plusieurs mois de travaux. «L’Ivoire», comme on le surnomme dans l’ex-colonie française, en a bien besoin. A l’image du pays, il a lentement mais sûrement décliné. Aujourd’hui, sa rénovation, décidée par le président, Laurent Gbagbo, revêt une dimension politique évidente. Aux yeux du camp présidentiel, elle symbolisera la renaissance de la Côte-d’Ivoire, où les premières élections depuis la tentative de coup d’Etat de 2002 se font toujours attendre.
Pour mesurer ce que représente l’hôtel dans la mémoire de ce jeune pays - 50 ans en août -, il suffit de feuilleter le livre d’or de Venus Cissé. Plus qu’un hôtel, c’est un monument. Une sorte de Tour Eiffel locale. L